Slam-Musette pour Mélomanes de HLM
"Que tu sois d’Algérie de Bretagne ou de la Petite Ceinture, quand t’arrives dans une cage à lapin au milieu de rien, t’arrives dans une cage à lapin au milieu de rien. Dans une ville sans passé, dans une ville à venir, t’as rien à préserver, t’as rien à cacher. T’as pas de grenier, ni de meuble à cirer, ni de tombe à arroser, ni d’arbre à couper... t’as que toi à planter"
A ma Zone 1
Conception et interprétation : Claudine Lebègue
Bande son et arrangements : Michel Taïeb
Le terrain vague. Toute mon histoire commence sur le terrain vague. Cette terre de ciment dont on dit qu’elle est terre de délits et d’ennuis. Cette terre de ciment qui n’est autre qu’une terre à bâtiment, une terre d’accueil de tous les exils, une terre à cultiver le HLM. Devant la fenêtre de notre cuisine y’a un arbre. On a le même âge tous les deux. C’est un arbre à pisse de chien qui ne ressemblait à rien autrefois. Il existe encore aujourd’hui. Tout élevé au vandalisme, arrosé à l’urine et au crachin des usines. Et il est toujours là. Et c’est un chêne. Tu veux voir une photo ? Tiens regarde ! c’est beau hein ! Sur scène : un bidon en fer, plus un bidon en fer, plus un bidon en fer, plus un autre bidon en fer... ça sonne comme un échaffaudage. Récits, chansons brutes, ambiances magnéto-électriques et poumons d’accordéon se frottent à tous les étages, souvenirs et présent se tutoient et trinquent à ce béton armé dont on dit qu’il n’a pas de racines et qu’il vieillit mal... ici la preuve du contraire est fête... béton armé oui... pour la vie...
Extraits de presse
[...] De Lebègue suinte par nature, en sa gouaille, en son énergie, un enthousiasme à la dimension dramatique. Il y a en elle du Jeanson, du Prévert, du Carné. Aujourd’hui avec un peu du Corbusier [...] Ceinte d’un accordéon chromatique, cernée de bidons depuis longtemps vides de leur pétrole mais bourrés d’idées, armée de fougue et d’émotion, de quelques samples, la lyonnaise revisite l’Histoire par sa petite fenêtre, fait confession publique. Admirable témoignage, beau spectacle chanté. Qu’on quitte comme on achève un bouquin, mi autobiographie mi ethnographie… Ça fait du bien d’envisager la cité par cette focale-là…
Michel Kemper, Nos enchanteurs ("A ma Zone" mars 2010)
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